18e congrès du Riodd : changer ou s'effondrer ?

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18e Congrès du RIODD

Lille - Lilliad (Campus Cité Scientifique)
Mardi 17, Mercredi 18 et Jeudi 19 Octobre 2023

Programme détaillé disponible ici

 

Pensez à vous inscrire...il est encore temps...merci de le faire avant la fin du mois si possible pour consolider le programme et nous permettre de prévenir et éviter les défections de dernière minute... pour le bon fonctionnement des ateliers.

Avant de vous inscrire merci de consulter le tuto "inscription RIODD 2023" (menu de gauche).

 

S'inscrire

L'inscription est simple et rapide (10mn) mais se fait en deux temps.

Il faut remplir le formulaire en ligne sur le site du congrès (onglet "Mon inscription") puis procéder au paiement en accédant à l'interface de l'Université de Lille  pour que votre inscription soit finalisée. Deux modes de paiement sont acceptés : CB (à privilégier) et...bon de commande (si pas d'autre possiblité). Vous serez informé.e du montant à régler en fin d'inscription (selon votre statut et la date d'inscription) sur le site de paiement Ulille. 

Se rendre au congrès

L'intégralité du colloque aura lieu à Lilliad, sur le campus Cité Scientifique à Villeneuve d'Ascq. Le campus est accessible en Métro Ligne 1 depuis la Gare Lille Flandres, direction 4 Cantons, descendre à Cité Scientifique, compter 20min de trajet depuis la gare Lille Flandres (25 depuis Lille Europe) 

Le repas de Gala se tient à Lille-centre (Espace saint sauveur - métro République/beaux arts ou métro Grand Palais)

Une liste d'Hôtels est disponible (menu de gauche) : vous pouvez choisir de séjourner sur le lieu du congrès (Villeneuve d'Ascq), ou dans le centre de Lille (liaison permanente et très facile en métro).

Pour toute question : riodd2023@sciencesconf.org

 

Rappel du thème du congrès

Changer ou s'effondrer ?

Le RIODD, au-delà de sa dimension Internationale, se caractérise par une dynamique de recherche Interdisciplinaire, Indépendante de toute pression ou lobby, et, ceci expliquant cela, l’association développe volontiers une analyse critique voire « Impertinente » dans le meilleur sens du terme. Pour ses 18 ans, le RIODD part d’un constat, celui de l’étonnante distance qui sépare les discours souvent positifs, rassurants, voire naïfs sur la responsabilité des organisations et la nécessaire « transition » écologique…et les multiples travaux en sciences de l’environnement, en particulier ceux des experts du GIEC concernant le réchauffement climatique, donnant un certain poids à la perspective effrayante, voire dramatique d’un effondrement du fonctionnement actuel de nos modes de production et de distribution (ainsi que de l’organisation sociale qui leur est associée). Ainsi, entre la thématique de la « transition verte », sorte de nouvelle ère de révolution industrielle portant des perspectives de profit et de croissance renouvelées, et celle de « l’effondrement » dans la lignée des études de collapsologie, la recherche dans le champ du « développement durable » est durement mise en tension. D’une certaine manière, nous voici revenu.es à l’alerte et au dilemme posé par le rapport Meadows (1972), après quelques décennies ambiguës, oscillant entre l’impression d’une mobilisation des acteur.trices des mondes politiques, économiques et citoyens, et la dégradation bien réelle de la biosphère. C’est autour de ces paradoxes et tensions que nous proposons de centrer ce congrès du RIODD 2023. Comment retisser un compromis social, une capacité à vivre ensemble, en prenant en compte lucidement la situation écologique ?

Ce congrès devra être l’occasion d’étayer ces constats ; de confronter les points de vue sous-tendus par les diagnostics centrés sur notre système économique, sur notre système social, mais aussi sur leurs relations ; de se saisir des analyses exposées pour proposer un état des lieux pragmatique questionnant l’expression « développement durable » dans une perspective de transformation des systèmes. Ces débats contribueront à initier la construction de liens avec des chercheur.ses en sciences expérimentales, souvent peu présent.es dans les congrès consacrés, en sciences sociales, aux questions de développement. De façon plus globale, le congrès nous permettra de réfléchir ensemble au nécessaire mais difficile bouleversement tant conceptuel que « pratique » devant s’opérer à l’ère de l’Anthropocène.

Il s’agira d’abord de repenser l’articulation entre les sphères économique, sociale et environnementale. Si la question des limites écologiques s’est aujourd’hui nettement imposée, sa mesure et son acceptation sociale, quant à elles, continuent de questionner. Ces interrogations conduisent finalement à interpeller l’économie sur son objet même, la satisfaction des besoins. En effet, l’analyse du « process institutionnel entre l’homme et son environnement dans le but de satisfaire ses besoins » (selon la définition de l’économie proposée par Karl Polanyi [1957]) semble supposer que l’on saisisse mieux, collectivement, ce que peuvent être ces besoins sociaux… au-delà de la chimérique figure d’un homo oeconomicus se caractérisant par un désir de consommation illimité (utilité marginale constamment croissante en fonction de la quantité de biens consommés). Les réflexions sur le rééquilibrage travail/loisir (ou vie professionnelle/vie personnelle), la frugalité, la décroissance, trouvent ici toute leur place. Il s’agira au fond d’essayer de saisir la façon dont la réflexion en sciences sociales peut nous aider à concevoir une représentation du fonctionnement des organisations et de l’économie qui parvienne à satisfaire les besoins sociaux sans poser comme préalable un prélèvement toujours plus important des ressources naturelles. Ces questionnements valent tant pour les pays riches que pour les nations pauvres et émergentes.

Cette question de la satisfaction des besoins sociaux sous contraintes naturelles pose aussi clairement la question des inégalités. Inégalités relatives au chaos climatique qui semble être enclenché, inégalités spatiales, monétaires, pouvant concerner différentes zones géographiques ainsi que des acteur.trices appartenant à des classes sociales distinctes. Mais penser ces inégalités peut également être un des leviers susceptibles de stabiliser l’empreinte écologique sans explosion sociale : on peut en effet supposer qu’une répartition plus juste des richesses, entre pays et entre classes sociales, est un des enjeux centraux de l’acceptabilité d’une réduction globale de la dynamique de croissance qui semble difficilement évitable…

Repenser le fonctionnement du système économique et social suppose de penser les acteur.trices de ce système, leurs intérêts, leurs logiques d’action, leurs pouvoirs et leurs relations. Il s’agit cette fois d’identifier le (ou les) bon(s) niveau(x) et leviers d’action pour faire évoluer de façon coordonnée et en profondeur le fonctionnement de ces systèmes. Plusieurs questions se posent alors : celle des échelles et de leur articulation : logique internationale, nationale, ou locale ? Celle du type d’acteur : public, privé, PME ou multinationales ? Celle des modalités de mise en œuvre : par des dispositifs de marché ou par des dispositifs d’encadrement politique contraignants ? le retour de la notion de planification (que l’on a longtemps considérée comme appartenant à un triste passé) est par exemple un axe particulièrement intéressant. Plus profondément, au plan conceptuel, il serait nécessaire d’identifier les « rapports » de force et de coopération en présence, que ce soit grâce au concept de « classe écologique » (Latour & Schultz, 2022) ou à des efforts permettant de rebattre la traditionnelle séparation humain/non-humain si profondément ancrée en sciences sociales mais aujourd’hui définitivement intenable (Dunlap et Catton, 1978 ; Descola, 2005 ; Morizot, 2021…).

Bien sûr parmi ces acteurs, la question du rôle des organisations productives est essentielle. Que peut-on en attendre ? Comment mesurer la réalité de leur engagement dans des modalités différentes et soutenables de production ? Ce thème des liens entre entreprises et Société, au sens large, a connu un nouveau stade de développement avec la promulgation de la loi « Pacte » et de la modification, certes marginale, de la définition de l’objet de l’activité des organisations : objet social étendu, entreprise à mission, redevabilité… Ces éléments d’évolution du rapport entre entreprise et Société sont-ils les ferments d’une évolution plus profonde ? Comment armer les parties prenantes pour faire vivre ces dispositifs et les assortir d’effets concrets ? Comment mesurer comptablement ce que serait une entreprise responsable (on pense bien sûr à la comptabilité CARE) ? Comment permettre aux consommateur.trices d’agir, via leur activité de consommation, pour une évolution des structures productives ? Autant de questions à investiguer dans le cadre d’une analyse du rôle toujours évolutif que joue l’entreprise dans la Société, rôle qui tend aujourd’hui à être cadré par de plus en plus de dispositifs réglementaires, et donc par un retour indéniable quoique timide des acteurs étatiques – signe, s’il en faut, de l’échec d’une conception purement libre et volontaire de la RSE.

Cette nécessité de changements, nécessairement profonds et rapides, de notre système social et productif questionne in fine le principe de la démocratie. Au-delà des acteurs et des niveaux d’action, il est essentiel de faire une place à l’interrogation de plus en plus palpable de l’enjeu démocratique que constitue le fonctionnement de l’entreprise capitaliste. Entreprise comme commun, bicaméralisme, développement de la codétermination, entreprise libérée … De nombreuses études et propositions (plus ou moins abouties, plus ou moins concluantes) visent à faire de l’entreprise un espace plus démocratique, d’une vraie confrontation entre acteur.trices tou.tes concerné.es par la nécessité d’une transformation du régime productif. Que faut-il attendre de la démocratie en entreprise ? En quoi peut-elle être une réponse à l’affaiblissement des relations publiques ou la difficulté d’une régulation « nationale » des questions écologiques ? L’entreprise est-elle un objet ou un sujet politique ? A-t-elle vocation à se substituer à l’Etat dans le cadre de missions dites d’intérêt général ? L’absence de contrôle démocratique des cercles dirigeants, pourtant souvent amenés à exercer des pressions extrêmement fortes sur les politiques publiques, par des moyens licites et parfois illicites, ne constitue-t-elle pas un enjeu considérable de nos sociétés ? L’entreprise ne fait-elle pas souvent la loi ? Plus généralement en quoi ce foisonnement de réflexions sur la « gouvernance » des entreprises nous permet-il de progresser sur une représentation des contours de ces dernières comme institution au sein des sciences sociales ?

Ces réflexions sur la pérennité de notre système économique et social ne devraient pas faire l’économie d’en penser les alternatives (plus ou moins radicales). Cela peut prendre un tour utopique, ou, plus concrètement, permettre d’identifier les expériences alternatives actuelles (le modèle des biens communs, des « beni comuni », l’économie sociale et solidaire, l’économie circulaire, l’économie collaborative ou bien encore les modèles autarciques (de l’autosuffisance alimentaire par exemple) pour comprendre et soupeser l’authenticité de leur caractère alternatif, leur pérennité et leur extension possible, et aussi saisir ce qui s’y joue : retour à un meilleur équilibre entre les formes institutionnelles de la centralité, de la symétrie, de l’échange et de la réciprocité ? Hybridations de ces formes ? Simple effet de mode sans réalité institutionnelle ? Resocialisation des acteur.trices à nouveau doté.es d’une capacité éthique et politique dont le néo-libéralisme les privait ? Là encore, tant au plan conceptuel que pratique, à la lumière des évolutions législatives récentes, les points de confrontation et de réflexion ne devraient pas manquer.

Ces quelques paragraphes dessinent l’ampleur des changements nécessaires pour transformer notre système économique et social dans l’optique d’éviter un effondrement du système actuel, bien que nous ne puissions exclure qu’il soit une condition nécessaire à l’avènement d’une nouvelle ère. L’articulation et l’encastrement des sphères économique, sociale, environnementale, la redéfinition des besoins sociaux, la façon de gérer les inégalités, la redéfinition des systèmes d’acteurs et du lien entre entreprise et Société ainsi que l’influence de l’entreprise sur les systèmes démocratiques ne sont ainsi que des ouvertures proposées aux participant.es, quelques brèches ouvertes pour contribuer à poser les fondations théoriques et empiriques d’un système économique et social, réformé ou refondé, à même de conduire à un rapport adapté à notre environnement. A même de dessiner une manière de vivre, produire et consommer, ensemble qui soit « compatible avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur Terre » …

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